La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -247-Les Gémeaux à Sceaux / saison 2016/2017

La Matière du monde

La Matière du monde - Critique sortie Jazz / Musiques Sceaux Les Gémeaux - Scène Nationale
© D. R.

Jazz / Sceaux Jazz
Entretien Franck Tortiller

Publié le 26 septembre 2016 - N° 247

Bourguignon de souche, le vibraphoniste a imaginé La Matière du monde, un spectacle autour du vin, à partir des photographies de Roberto Petronio.

Le vin et la musique, c’est une histoire ancienne pour vous ?

Franck Tortiller : Fils de vigneron, je voulais depuis longtemps faire quelque chose autour de ces univers dans lesquels j’ai été élevé, sans savoir sous quelle forme. Or, à la réflexion, la Bourgogne est terre de deux choses importantes : le vin, comme on sait, mais aussi la photographie puisque Nicéphore Niépce, inventeur du daguerréotype, est natif de Chalon-sur-Saône. J’ai pensé qu’il serait bien de réunir ces trois formes : musique, images et vin. Côté musique, un trio avec le batteur Simon Goubert et le contrebassiste Jean-Philippe Viret. Pour la partie photos, j’ai fait appel à Roberto Petronio, dégustateur, journaliste et photographe, notamment pour la Revue des vins de France. Par son intermédiaire, j’ai rencontré une dame extraordinaire, Lalou Bize-Leroy. Très jeune, elle s’est retrouvée à la tête du domaine Leroy et l’une des actionnaires principales de la Romanée Conti. Elle a été parmi les premières à adapter la bio-dynamie. Dans son chais, une phrase au mur m’a frappé, qui disait : « Le vin est d’inspiration cosmique, il a le goût de la matière du monde ». Tout de suite, ces mots me sont apparus comme la clé d’un spectacle.

Quelle correspondance entre le breuvage et la musique ?

F. T. : Roberto travaille à un livre sur la Bourgogne. Il photographie essentiellement les sols, les ceps, les paysages, la pierre, loin des clichés de carte postale qu’on pourrait redouter. Il fait aussi des portraits de vignerons, assez bruts. On va explorer cette matière et le ressenti, chercher le lien entre le vin, celui qui le fait et celui qui le boit. C’est très subjectif, cela s’élabore à partir de sensations. Par exemple, certains vins ont beaucoup d’énergie. Ils produisent en bouche des choses très vives, un rapport au terroir immédiat. On a envie de les transposer sur tempo rapide. Pour d’autres, les choses sont plus lentes à s’installer.

« La musique naîtra sur des sensations rythmiques. »

Cela implique-t-il qu’à chaque morceau corresponde un vin ?

F. T. : C’est moins systématique et, surtout, le travail de composition se fait à partir des photos. Je ne crois pas du tout à la musique descriptive mais plutôt à des sentiments et des ambiances. La musique naîtra sur des sensations rythmiques, sur l’interaction entre ce que l’on peut ressentir sur une image et la manière de l’interpréter, les tempos, les couleurs, les repos… Bien sûr, une fois le concert terminé, une dégustation aura lieu. Chaque soir, on ouvrira un grand cru de sauternes différent choisi par Roberto. Car selon lui, les sauternes sont des vins compliqués à faire, qui nécessitent beaucoup de travail dans la vigne : quelque chose de très dur qui donne un résultat très doux. Un peu comme le jazz, au fond !

A propos de l'événement

La Matière du monde
du jeudi 23 février 2017 au samedi 25 février 2017
Les Gémeaux - Scène Nationale
49 Avenue Georges Clemenceau, 92330 Sceaux, France

à 21h30.

Du mardi au samedi à 20h45, le dimanche à 17h. Tél : 01 46 61 36 67. www.lesgemeaux.com

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