La Devise

« Après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, j’ai voulu inscrire ce spectacle dans une réflexion sur le sens de la République et de sa devise. J’ai demandé à François Bégaudeau, sans doute plus libertaire que républicain, d’écrire un texte sur ce sujet. Il était au départ perplexe, puis a eu l’idée de mettre un jeu quelqu’un qui justement n’arrive pas à faire une conférence sur ce thème. Avant l’arrivée de ses auditeurs, un type (Paul Schirck) censé initier un public jeune aux valeurs de la République répète ainsi sa conférence qu’il a plus ou moins bien préparée. Il est accompagné d’une jeune femme (Camille Roy) qui au fur et à mesure qu’elle l’écoute déconstruit tous ses arguments. Un débat s’engage entre eux sur le sens des mots. Il est intéressant de faire entendre des points de vue adverses sans vouloir les concilier, de produire et faire tenir des énoncés avec lesquels on n’est pas d’accord. Nous ne sommes pas là pour imposer nos convictions mais pour ouvrir le débat, déployer des contradictions. Il est très sain de penser contre soi-même quand on crée des œuvres d’art, et notamment du théâtre. La Devise fait exister une multiplicité d’énoncés qui laissent le spectateur dans une forme de tension. »

Propos recueillis par Agnès Santi