La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -236-Les Gémeaux ~ Scène Nationale, saison 2015/2016

Isokrony : au cœur du rythme !

Isokrony : au cœur du rythme ! - Critique sortie Jazz / Musiques Sceaux Les Gémeaux - Scène Nationale
Performance solo, son dernier album s’appelle « La Leçon des Jours » (Label MCO). © Renaud Corlouer

Les Gémeaux / Jazz / Entretien Franck Tortiller

Publié le 21 septembre 2015 - N° 236

Les expériences collectives, Franck Tortiller les a multipliées avec fougue, de l’ONJ (Orchestre National de Jazz) à l’OJJB (Orchestre des Jeunes Jazzmen de Bourgogne), en passant par le Vienna Art Orchestra. Ce vibraphoniste émulateur de projets s’est lancé un nouveau défi : imaginer une grande formation sans basse, ni cuivres, ni piano, ni guitare. Mission impossible ?

Votre nouvel orchestre a un titre très mystérieux, « Isokrony ». Pourquoi ?

Franck Tortiller : L’isochronie, c’est lorsque deux entités sont reliées par le même influx rythmique : par exemple, lorsque les pendules de deux horloges franc-comtoises battent ensemble. Du coup, on va imaginer tout un cheminement rythmique à partir d’un tempo donné : 80 battements à la noire. Ce qui a aussi une signification (rires) : ça correspond au battement d’un cœur en bonne santé. Stan Kenton avait travaillé aussi cette veine dans les années 40 : il avait appelé ça « Artistry in Rhythm ». Je m’inscris un peu dans cette démarche.

Pourquoi réserver la première aux Gémeaux à Sceaux ?

F. T. : Parce que je vais y être « compositeur en résidence » pendant quatre ans. C’est la première fois que je suis très heureux de prendre quatre ans ferme (rires). Les Gémeaux et sa directrice Françoise Letellier ont entretenu une vraie histoire avec le jazz de création. Ils m’ont donné carte blanche totale. C’est une chance fantastique… mais aussi une sacrée responsabilité !

L’instrumentarium est très inattendu : deux vibraphones, deux marimbas, deux claviers et deux batteries. Etait-ce un vieux fantasme ?

F. T. : C’est le fruit d’une vraie réflexion : penser ce que pourrait être un grand orchestre de jazz aujourd’hui. La notion de big band comme on pouvait l’entendre dans les années 30-40 a énormément évolué. Dans l’univers du jazz, les formes orchestrales ne sont pas figées et elles se figent de moins en moins.

« Penser ce que pourrait être un grand orchestre de jazz aujourd’hui. »

Derrière ce choix, y a-t-il la volonté de créer une musique électro-organique qui confine à la transe et à la danse ?

F. T. : Oui, vous le définissez même mieux que moi (rires) ! Et c’est aussi une manière de replacer le vibraphone au centre de mon propos musical. Les claviers-percussions comme le vibraphone ou le marimba, on ne les pense jamais d’une façon orchestrale, mais plutôt d’une façon soliste. Alors qu’on peut être plusieurs et former un véritable pupitre : de cette orchestration différente naît forcément une musique différente.

Vous vous sentez « ambassadeur » de votre instrument ?

F. T. : Oui, je dois confesser qu’il y a de ça (sourire). À la fin des concerts, les gens me disent : « D’habitude je n’aime pas cet instrument, mais là ça va » (rires). On ne peut pas se dédouaner du choix d’un instrument, c’est quelque chose de fondamental. Et puis il ne faut pas oublier que le vibraphone est pratiquement né avec le jazz, avec Lionel Hampton et Milt Jackson.

 

Propos recueillis par Mathieu Durand

A propos de l'événement

Franck Tortiller
du vendredi 6 novembre 2015 au vendredi 6 novembre 2015
Les Gémeaux - Scène Nationale
49 Avenue Georges Clemenceau, 92330 Sceaux, France

à 20h45.

Tél : 01 46 61 36 67. www.lesgemeaux.com

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