Inoxydables

Pouvez-vous nous résumer l’histoire d’Inoxydables ?

Maëlle Poésy : Inoxydables a été écrit par une jeune autrice, Julie Ménard. C’est l’histoire de deux jeunes gens qui tombent amoureux, vivent intensément leur amour, mais doivent soudain se mettre à fuir l’endroit où ils vivent. J’avais envie de partager cette question avec des jeunes gens : qu’est-ce que c’est de tout quitter et de devoir reconstruire sa vie ? J’avais envie de le faire par le biais d’une fiction et de personnages auxquels ils peuvent s’identifier parce qu’ils ont beaucoup de choses en commun. Inoxydables offrait tout cela d’autant plus qu’il sera interprété par des jeunes acteurs en contrat de professionnalisation au Théâtre Dijon Bourgogne.

« Il s’agit vraiment de partager un moment de vie entre le public et les personnages. »

L’errance de Candide et de Ceux qui errent : ce motif est récurrent dans votre travail. Comment l’expliquez-vous ?

M. P. : D’un côté j’aime beaucoup l’idée de partager un parcours de personnage avec le public, de suivre son évolution et de voir comment sa confrontation au monde le fait évoluer. Il s’agit vraiment, dans le temps de la représentation, de partager un moment de vie entre le public et les personnages qu’on montre sur scène. D’un autre côté, ce qui m’intéresse, c’est de faire voyager des personnages alors que l’on est dans un endroit fixe, dans une boîte noire. Les implications esthétiques de cette donnée me passionnent.

Un théâtre transportable et pour adolescents, qu’est-ce que cela induit comme choix de mise en scène ?

M. P. : Le texte de Julie Ménard est pour moi une matière qui se destine parfaitement à un public adolescent. Le spectacle va tourner dans des lycées, dans des lieux qui ne sont pas faits pour le théâtre. C’est à la fois une contrainte et quelque chose d’assez magique. Il va falloir inventer des rapports à l’espace sans les artifices habituels du théâtre, sans lumières et sans scénographie. Ce qui conduit bien sûr à se recentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire les acteurs, le texte, afin d’arriver sans autre auxiliaire à créer un imaginaire commun avec les spectateurs. Ce qui est intéressant aussi, c’est qu’on va modifier l’espace de la classe, pour que le rapport à la fiction se crée.

Propos recueillis par Eric Demey