La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -213-Les Gémeaux ~ Scène Nationale

Entretien Benoît Haller

Entretien Benoît Haller - Critique sortie Classique / Opéra Sceaux Les Gémeaux
photo: Benoît Haller

Messe en si mineur de Bach / La Chapelle Rhénane

Publié le 23 septembre 2013 - N° 213

L’émotion baroque

A la tête de La Chapelle Rhénane, Benoît Haller poursuit sa résidence aux Gémeaux de Sceaux. Au programme cette saison : la Messe en si mineur de Bach.

« Plus la musique est ancienne, plus elle a besoin d’être interprétée »

Quel est votre lien personnel à la musique de Bach ?

Benoît Haller : Les coups de foudre sont généralement difficiles à comprendre… La musique de Bach me parle tout particulièrement, à l’instar de celle de Schütz, Brahms ou Mendelssohn. Il y a sans doute des raisons familiales à cela, avec un père pasteur, intéressé par la musique luthérienne, et une mère professeur de lettres, sensibilisée à la question du texte et à son exégèse. Je me suis ensuite formé à la musique de Bach au sein des ensembles dans lesquels j’ai chanté. Mais j’y ai souvent ressenti plus de frustration que de plaisir. Il y avait un souci d’authenticité, mais l’émotion, à mon sens, n’était pas assez mise en valeur. Nous faisons un métier d’interprètes et non de musicologues. Plus la musique est ancienne, plus elle a besoin d’être interprétée.

Avez-vous néanmoins des modèles dans ce répertoire ?

B. H. : Pendant mon adolescence, j’écoutais énormément la version de la Passion selon Saint-Jean par John Eliot Gardiner. Il va dans l’extrême des affects baroques, ses interprétations prennent aux tripes. Il ne se limite pas au cadre normé des exécutions sur instruments anciens. J’ai également été séduit par le travail choral de Philippe Herreweghe, en particulier dans les motets.

Avez-vous fondé la Chapelle Rhénane pour vous lancer dans la musique de Bach ?

B. H. : Au départ, je n’osais pas ! Je me suis d’abord attaqué à la musique de Schütz, que je voulais faire sortir de son image de compositeur aride. Nous nous sommes ensuite lancés dans des cantates de Bach, puis des motets et des messes luthériennes. Un jour, Alain Pacquier (ndlr : directeur du label K617) m’a proposé d’enregistrer les Passions selon Saint Jean et selon Saint Matthieu. Pour moi, c’était irréaliste : aborder Bach au disque tenait du mythe ! Nous avons profité de notre résidence à Royaumont de 2007 à 2009 puis aux Gémeaux à Sceaux pour nous plonger dans le corpus de Bach. En 2010, nous avons également donné à Sceaux l’Oratorio de Noël. Et cette saison, nous revenons à Bach, avec la Messe en si, après avoir fait des détours entre temps par Schütz, Charpentier et Haendel.

Quelle est votre vision de la Messe en si ?

B. H. : C’est une œuvre de synthèse, absolument incroyable. Synthèse entre l’Ancien et le Nouveau Testament, entre deux styles d’écriture. Il suffit d’écouter les deux premières séquences : le « Kyrie » incarne Dieu le père, tandis que le « Christe eleison » dépeint un Christ humain, joueur. Ces deux mondes cohabitent tout au long de l’œuvre, qui est par ailleurs d’une difficulté extraordinaire, notamment vocale avec les grandes fugues, supérieure aux Passions ou à l’Oratorio de Noël. Dans la direction, il faut trouver un mélange savant entre l’action et le laisser faire.

 

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

A propos de l'événement

Messe en si mineur de Bach
du vendredi 7 février 2014 au dimanche 9 février 2014
Les Gémeaux
49, avenue Georges Clemenceau 92330 Sceaux

Les 7 et 8 février à 20h45, le 9 février à 17h. Tél : 01 46 61 36 67. www.lesgemeaux.com
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