La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -190-crea

Didier Grojsman

Didier Grojsman - Critique sortie Classique / Opéra
© S. Chivet

Publié le 10 septembre 2011

Passion militante

Directeur du Créa, Didier Grojsman défend le projet d’un centre de création vocale et scénique à Aulnay-sous-bois.

« Je milite pour une vraie pratique amateur et non une animation socio-culturelle. » 
Didier Grojsman
 
 
Le Créa est une structure atypique. Comment la définiriez-vous ?
Didier Grojsman : Nous nous situons à l’écart des institutions. Depuis notre création, il y a 24 ans, nous avons toujours eu à cœur de défendre une éducation artistique pour tous. Il n’y a ni entretien, ni audition pour s’inscrire au Créa. Tous ceux qui souhaitent chanter peuvent venir chez nous. L’âge minimum est de 6 ans, et certains restent jusqu’à 30 ans ! Nous sommes ainsi à contre-courant de la mode des castings et des compétitions en tout genre que l’on retrouve à la télévision, dans le sport et même à l’école. Si le Créa est surtout connu pour ses chœurs, il ne faut pas oublier le travail de l’ombre que nous menons auprès des écoles. Chaque semaine, nous touchons plus de trente classes.
 
Quel est le répertoire des chœurs du Créa ?
D.G. : A notre création, il n’y avait pas, en France, de répertoire adapté aux enfants. Nous avons donc dû passer de nombreuses commandes à des compositeurs, comme Thierry Lalo, Isabelle Aboulker, Marc-Olivier Dupin… Aujourd’hui, nous avons à notre actif 51 créations, dont 23 d’opéras. Forts de ces volumes de partitions, nous sommes désormais un centre de ressources.
 
Pourquoi avez-vous opté pour une implantation à Aulnay-sous-bois ?
D.G. : Je suis né en Seine-Saint-Denis dans un quartier populaire des Lilas. J’ai toujours été fidèle à ce territoire. Ce que j’aime à Aulnay-sous-bois, c’est le brassage de la population, que l’on retrouve au Créa. La musique permet de faire cohabiter des enfants de la cité des 3 000 avec d’autres issus de familles « bobos ». Notre budget de 600 000 euros provient majoritairement de la ville.
 
Et c’est à Aulnay-sous-bois que vous avez le projet d’un centre de création vocale et scénique…
D.G. : Nous travaillons depuis 1993 sur ce projet, en particulier avec Christian Eymery, co-directeur du Créa. L’idée est de créer un lieu de répétitions où l’on pourrait accueillir les enfants, avec un plateau d’opéra, un studio de danse… Ce ne sera pas une salle de spectacle, l’Espace Jacques Prévert étant idéal pour cela, mais un vrai centre de travail. La ville nous soutient complètement sur ce dossier et nous espérons qu’il sera retenu pour le Grand Paris. Notre ambition est nationale et même européenne.
 
Quel regard portez-vous globalement sur la place des pratiques amateurs en France ?

D.G. : C’est une pratique mal considérée car hors des cases. Nous avons récemment été très inquiets, car un projet de loi prévoyait que sur les affiches de nos spectacles il devait être inscrit « pratiques amateurs » ! Au Créa, nous avons toujours cherché à faire cohabiter les amateurs et les professionnels puisque nous employons des musiciens, des régisseurs, des costumiers qui sont tous intermittents. Je milite pour une vraie pratique amateur et non une animation socio-culturelle. Notre but est de contribuer à faire de nos enfants des citoyens grâce à la pratique musicale.

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

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