La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Collectif DRAO

Collectif DRAO - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 mars 2011

L’élaboration 
d’une rêverie commune

Tirant son nom des initiales de la pièce autour de laquelle ses membres se sont pour la première fois réunis en 2002 (Dernier Remord Avant l’Oubli, de Jean-Luc Lagarce), le collectif DRAO présente cette saison sa quatrième création : Petites Histoires de la folie ordinaire, une comédie de l’auteur tchèque Petr Zelenka qui questionne les limites de la normalité.

« Le fait d’appartenir à un collectif rend chacun d’entre nous profondément responsable de chaque instant du spectacle. » Collectif DRAO
 
 
Comment votre collectif s’est-il constitué ?
Collectif DRAO : Il s’est constitué à la suite d’un stage d’interprétation organisé par Philippe Adrien et Dominique Boissel au Théâtre de la Tempête, en juin 2002. Le thème de ce stage était de travailler sur des œuvres d’auteurs que les participants n’avaient jamais abordés. Deux d’entre nous ont ainsi voulu explorer Dernier Remord avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce. Après cela, Philippe Adrien nous a proposé de créer l’intégralité de cette pièce, au sein du hall du Théâtre de la Tempête. Nous avons donc distribué l’ensemble des rôles à des comédiens du stage et, ensemble, avons mis en scène ce texte. Sans encore être baptisé, le Collectif DRAO était né.
 
Qu’est-ce qui vous a donné ensuite envie de continuer cette aventure collective ?
C. DRAO : Tout simplement le désir de faire du théâtre ensemble, de construire des projets en faisant communier nos imaginaires, en les confrontant, en élaborant une rêverie commune. Nous sommes sept comédiens (Ndlr, Stéphane Facco, Thomas Matalou, Benoît Mochot, Gilles Nicolas, Sandy Ouvrier, Maïa Sandoz, Fatima Soualhia-Manet), nous avons tous nos propres personnalités et sensibilités. Chacun d’entre nous porte un regard différent sur les textes que nous choisissons de créer. Ce sont toutes ces différences qui font la richesse de notre collectif. Après Dernier Remord avant l’oubli, nous avons choisi de mettre en scène Push Up de Roland Schimmelpfennig, un texte qui est venu toucher chacun d’entre nous à un endroit particulier, qui propose un autre genre de théâtre, un matériau de travail très différent du texte de Jean-Luc Lagarce. Il nous a semblé que Push Up pouvait nous permettre de poursuivre notre aventure tout en la réinventant.
 
Quelle est la place de chaque comédien à l’intérieur de votre collectif ?
C. DRAO : L’idée est de porter, ensemble, l’entièreté du projet théâtral. Lorsqu’on appartient à un groupe comme le nôtre, l’état de jeu n’est pas le même que lorsqu’on est engagé par un metteur en scène. Le fait d’appartenir à un collectif rend chacun d’entre nous profondément responsable de chaque instant du spectacle. Le rapport au plateau et au jeu est radicalement différent. Lors des répétitions, il n’y a pas de regard extérieur qui vient arbitrer en faveur d’une idée ou d’une autre. Le trajet se fait de façon collective. Peu à peu, de tentatives en propositions, ce trajet commun constitue un ensemble de couches, de strates qui finit par donner corps à la représentation. Le théâtre que l’on cherche se pratique et s’invente ainsi à partir du plateau.
 
Pouvez-vous nous présenter la pièce de Petr Zelenka ?
C. DRAO : Elle regroupe plusieurs histoires qui se déroulent autour d’un personnage central, Petr, un trentenaire en proie au doute, un « personnage-éponge » en quête d’identité. Autour de ce jeune homme un peu perdu, gravite toute une tribu de figures insolites : ses parents, ses amis, ses voisins…
 
Des figures qui interrogent les notions de folie et de normalité…

C. DRAO : Oui, la pièce de Petr Zelenka donne naissance à une poésie de l’obsession qui génère une suite de situations pleines d’étrangeté. Véritable folie ou normalité décalée ? L’auteur laisse le champ libre à diverses interprétations. A travers le prisme du rêve, notre mise en scène prend, elle aussi, le parti de ne pas imposer de point de vue dramaturgique définitif. Entre noirceur et drôlerie, Petites Histoires de la folie ordinaire pose de manière inventive, singulière, la question de la solitude et de la différence.

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


Petites Histoires de la folie ordinaire, de Petr Zelenka (texte français de Jaromir Janecek et Jean-François Loez) ; mise en scène et interprétation du Collectif DRAO. Du 22 au 26 mars.

A propos de l'événement



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