Christian Rizzo / Néo-fiction, l’association fragile

« Le projet est né d’une question : comment inclure des images de l’extérieur dans un théâtre, c’est-à-dire un lieu clos ? J’ai proposé à Sophie Laly de chercher à y répondre avec moi, pour créer un objet hybride. Travailler à deux, c’est aussi l’occasion de s’offrir un « atelier de regard » : Sophie et moi avons commencé par collecter des images, filmer des lieux aux environs de Seattle, entre océan et montagnes. Nous avons réalisé que nous étions attirés par la même palette, autour de la couleur verte ; nous sommes attentifs à ce qui, dans un paysage, apparaît ou disparaît, les « passages au gris », ce qui tend vers le vide ou le plein…

Cinéma augmenté

Le but n’est pas de faire du paysage un décor, ou quelque chose qui s’impose au spectateur : l’expérience est plus contemplative, les images demandent une écoute. Le film est le fil conducteur de la pièce, mais il est projeté sur trois écrans : cette diffraction crée un espace. L’image, dès lors, n’est plus au centre ; elle interagit avec ma présence sur le plateau, celle des musiciens… C’est une sorte de « trilogue », de cinéma augmenté, le film étant l’un des acteurs d’une partition globale. »

Propos recueillis par Marie Chavanieux