La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -257-Comédie de Saint~Etienne

Artiste à tous niveaux

Artiste à tous niveaux - Critique sortie Théâtre SAINT ETIENNE
© Sonia Barcet Nous autres, atelier avec la promotion 27 de l’Ecole.

Entretien
Matthieu Cruciani

Publié le 9 août 2017 - N° 257

Matthieu Cruciani est artiste associé à la Comédie de Saint-Etienne. Cette saison, il met en scène Andromaque avec sa compagnie, The Party, adapte Virginie Despentes avec la promotion 28, et travaille avec des collégiens sur un texte de François Bégaudeau.

Comment avez-vous travaillé avec la promotion 28 ?

Matthieu Cruciani : En un immense moment de liberté et de gourmandise partagé avec les élèves ! Il s’agit de « faire théâtre de tout », comme disait Vitez, et cela passionne les élèves de travailler sur une adaptation littéraire. C’est une espèce d’odyssée : un disquaire de vinyles est obligé de fermer boutique. Il cherche asile de chambre en chambre, de copain en copain. Virginie Despentes fait le portrait de la société des années 80 à 90, en mal de repères. Le sujet m’intéressait beaucoup, autant que de confier à des élèves qui ont entre vingt et vingt-quatre ans des personnages qui ont entre quarante et cinquante ans. Le travail d’adaptation s’est fait à la table et au plateau, entre dramaturgie et application concrète. Je considère que les acteurs ne sont pas seulement les interprètes des projets des autres : le metteur est scène n’est pas un père qui donne la becquée ! Il s’agit d’inventer la théâtralité dans ce va-et-vient !

« Il s’agit de « faire théâtre de tout », comme disait Vitez. »

Et avec les collégiens ?

M. C. : François Bégaudeau a écrit un grand chœur pour dix-sept adolescents et deux comédiens. J’ai travaillé un an et demi avec ces jeunes : c’est un processus au long cours. La pièce interroge la jeunesse d’aujourd’hui : qu’est-ce qui la distingue des autres, et qu’en est-il de la séquence de violence actuelle qu’elle traverse ? François Bégaudeau a une grande intelligence de notre époque, pleine d’humour et très accessible. C’est un excellent démocratiseur de théâtre, à la plume alerte, vive et claire.

Comment et pourquoi Andromaque ?

M. C. : Notre compagnie, The Party, a six ans. Pour la première fois, nous travaillons sur un texte classique, Andromaque, à travers le film de Rivette, L’Amour fou, qui retrace l’histoire d’une troupe de théâtre répétant la pièce de Racine. La pièce a été écrite en 1667, le film est sorti en 1969, tout cela traite de l’antique guerre de Troie et évoque la génération des fils qui, au lendemain d’un massacre, se demandent comment continuer l’Histoire après l’Histoire, en créant la figure émancipée d’un bonheur personnel qui tourne le dos à la gloire, à la guerre et aux pères. Des héros trop complexes et des femmes trop émancipées, reprocha-t-on à Racine : j’adore ce résumé !

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Vernon Subutex / Andromaque (Un Amour fou)
du jeudi 23 novembre 2017 au vendredi 15 décembre 2017


Vernon Subutex d’après Virginie Despentes, mise en scène Mathieu Cruciani, du 23 au 25 novembre 2017.

Andromaque (Un Amour fou) de Racine, mise en scène Mathieu Cruciani, du 12 au 15 décembre 2017.

 

Comédie de Saint-Etienne, Centre Dramatique National.

Tél : 04 77 25 14 14.

comedie@lacomedie.fr

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