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Danse - Gros Plan

Faits d’Hiver

Faits d’Hiver - Critique sortie Danse Paris et Gennevilliers
Crédit : Véronique Weil Légende : Amas, de Myriam Gourfink, ouvre le festival Faits d’Hiver.

Paris et Gennevilliers / Festival

Publié le 17 décembre 2016 - N° 250

Que ce soit dans un simple carré sur un plateau, au cœur de l’immensité d’un lieu patrimonial, dans la rue ou l’espace public… La danse aime revenir sur le contexte même de sa présence. Le festival parisien entretient le phénomène et multiplie les aventures spatiales.

C’est au-delà du périphérique que le festival Faits d’Hiver s’ouvre, accueillant Amas de Myriam Gourfink à Gennevilliers. C’est là que la chorégraphe continue, avec cette nouvelle création, de mobiliser les infimes et infinies possibilités du corps, faisant évoluer la danse dans un carré et dans un continuum d’allers et de venues, à soi et à l’autre. Un sillon qu’elle creuse depuis de nombreuses années avec la complicité du musicien Kasper Toeplitz, et qu’elle formalise aujourd’hui avec huit danseuses. Chez Nadia Vadori-Gauthier, la démarche est plus récente, et pour cause : ce sont les attentats de janvier 2015 à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher qui ont déclenché son besoin manifeste et politique de livrer Une minute de danse par jour. Deux ans qu’elle danse inlassablement dans les espaces publics, anodins ou reconnus, deux ans que l’on peut suivre sa trace en vidéo sur internet et admirer le nécessaire engagement d’un corps qui entrerait en danse comme en résistance. A Micadanses, le projet rejoint le plateau pour une « soirée événement ». Avec une foule d’artistes invités, elle revient sur deux années de danse où le lien entre le geste et son environnement posait le corps comme révélateur, entre « danser le lieu » et « être dansé par lui ». Qu’en sera-t-il alors de la mise en scène du projet dans l’espace confiné du studio ou de la salle de spectacle ? Yvann Alexandre a quant à lui imaginé, pour ses Fragments mobiles, un déploiement dans l’in situ de lieux fortement emblématiques, chargés de hauteur, de vieilles pierres et d’histoire. Ici, la Conciergerie devient un temple propice à la métamorphose, et ses colonnes cachent autant d’apparitions et de disparitions de corps que de failles ou de blessures intimes.

Diversité des démarches

Si le festival accueille de joyeuses dissidences telles que les heures heureuses et débordantes de Mauro Paccagnella et Alessandro Bernardeschi (Happy Hour), ou Les rois de la piste (de danse, boule à facettes comprise) de Thomas Lebrun, il nous laisse également l’opportunité d’une découverte : Yadou est un solo dansé par le Tchadien Yaya Sarria, en forme d’hommage à la communauté Peule à laquelle appartient le chorégraphe. Et c’est aussi l’occasion de retrouver Kirsten Debrock, qui crée Inertia pour deux danseuses, comme un temps suspendu où le poids des ans sur le corps amène à s’interroger sur sa mécanique et sa fragilité, mais également sur la richesse des bagages accumulés. L’appel à une autre beauté.

 

Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Faits d’Hiver
du jeudi 12 janvier 2017 au jeudi 9 février 2017


Tél. : 01 72 38 83 77. www.micadanses.com

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