La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Eudes Labrusse

Eudes Labrusse - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 janvier 2010

Entre polar et exploration de l’inconscient

L’auteur Eudes Labrusse, directeur du Théâtre du Mantois, met en scène avec Jérôme Imard son dernier texte Elias Leister a disparu, un thriller centré sur l’enfance et la recherche des origines.

 « La pièce se déploie comme un jeu de variations autour du mythe d’Oedipe. »
 
Quelles thématiques structurent la pièce ?  
 
Eudes Labrusse : La pièce se déploie comme un jeu de variations autour du mythe d’Oedipe. Mon écriture se fonde souvent sur des mythes antiques. Les thèmes de l’enfance, des origines, du désir d’enfant, la problématique d’avoir ou non un enfant, m’ont intéressé, en jouant sur les références à Œdipe, le mythe par excellence sur ces thèmes. La pièce est construite en trois parties. Dans chacune, le personnage titre Elias Lester disparaît. L’idée est de savoir pourquoi et comment il a disparu, et si on va le retrouver. Cette quête de la vérité et les principes du policier structurent la pièce. Dans la première partie Elias a dix ans et quitte son foyer familial en plein hiver. Sa fugue s’explique par le fait qu’il se rend compte qu’il a été adopté, une vérité cachée par ses parents, comme le roi et la reine de Corinthe l’avaient caché à Oedipe. Dans la deuxième partie, Elias, plus âgé, est devenu soldat et est envoyé dans un pays du Sud où il va être confronté à un massacre d’enfants soldats. Il déserte et disparaît une seconde fois. Dans la troisième, comme dans une mise en scène de l’inconscient, la pièce bascule dans un monde irréel, onirique. Elias disparaît alors qu’il n’existe plus que dans le rêve de son amour d’enfance, qui essaie de le retrouver. La recherche des origines fait écho à une recherche autour de l’inconscient, une notion centrale lorsqu’on évoque Œdipe.
 
 
Votre écriture s’apparente à une écriture romanesque…
 
E. L. : Oui, très volontairement ! Je cherche à passer les frontières entre le théâtre et le roman. Chacun des six personnages se révèle en focalisation interne, un principe romanesque. Mais la théâtralité se traduit par les différentes voix, construites en puzzle, qui se répondent. C’est un chœur qui raconte l’histoire. La scénographie joue sur des indices, des objets représentatifs, comme une espèce de table de reconstitution.
Les personnages évoquent diversement des figures maternelles ou paternelles, et parlent en utilisant le « vous », ce qui suppose une adresse au public, l’implique dans l’intrigue en l’invitant à se mettre à la place des personnages, et participe aussi d’un jeu entre les comédiens et leurs personnages. Tous les thèmes se croisent et s’entrelacent. Ce jeu d’entrelacement est symbolisé à la fin par cette jungle réelle ou rêvée dans laquelle Elias se perd. Des jeux d’aller-retour s’instaurent entre l’incarnation, l’émotion profonde du personnage, et une nécessaire distance puisqu’il n’est jamais dans le “je“.
 
Propos recueillis par Agnès Santi


Elias Leister a disparu de Eudes Labrusse, mise en scène Eudes Labrusse et Jérôme Imard, du 21 au 23 janvier à La Nacelle, rue de Montgardé à Aubergenville. Tél : 01 30 95 37 76. Et du 9 mars au 18 avril au Théâtre 13 à Paris. Tél : 01 45 88 62 22.

A propos de l'événement


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