La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Erik Satie, Mémoires d’un amnésique

Erik Satie, Mémoires d’un amnésique - Critique sortie Théâtre saint denis Théâtre Gérard Philipe
Un bel hommage à Satie. © Polo GARAT – ODESSA

Théâtre Gérard Philipe / écrit et réalisé par Agathe Mélinand / musique et mots Erik Satie

Publié le 29 octobre 2014 - N° 225

Agathe Mélinand signe l’écriture et la mise en scène du spectacle Erik Satie, Mémoires d’un amnésique : un « petit opéra comique sans lyrics » avec quatre comédiens et deux pianistes pour rendre hommage à l’excentrique et excessif artiste qui disait : «Si vous voulez vivre longtemps, vivez vieux…».

Quel a été votre premier contact avec la musique de Satie ?

Agathe Mélinand : Quand j’ai adapté pour Laurent Pelly Quel amour d’enfant !, de la Comtesse de Ségur, il y a une vingtaine d’années, j’ai choisi en illustration musicale Parade, de Satie. Ce fut un véritable choc. Je connaissais déjà la musique de Satie, mais c’est à ce moment-là que j’ai mesuré l’inventivité incroyable de ce compositeur, son travail sur la répétition, son humour et son goût pour la provocation. C’est l’inventeur de la musique moderne ! J’ai ensuite acheté de nombreux disques, notamment l’enregistrement de sa musique par Francis Poulenc et Georges Auric, et quand on m’a proposé, il y a deux ans, de monter un spectacle, j’ai souhaité revenir à ce compositeur.

 « Satie est l’inventeur de la musique moderne ! »

Outre la musique, êtes-vous aussi fascinée par sa personnalité ?

A. M. : Ce qui me fascine, c’est qu’il est toujours à l’endroit où l’on ne s’attend pas à le trouver. C’était un personnage adorable, qui prenait du temps pour s’occuper du patronage de la ligue d’Arcueil et voulait même, un temps, devenir conseiller municipal. N’oublions enfin pas qu’il a vécu dans la misère et l’alcool, et que son talent n’a été reconnu que neuf ans avant sa disparition. Il s’est donné un mal de chien pour rater sa vie – ce qu’il a vraiment bien réussi !

Comment avez-vous conçu ce spectacle ?

A. M. : Plus que la documentation que j’ai amassée sur lui, c’est l’écoute de sa musique qui m’a donné la forme du spectacle. Il me fallait trouver un chemin aussi original que la musique que j’entendais. Je ne voulais pas faire un spectacle poétique avec une alternance de texte et de musique, ni un récit chronologique. J’ai ainsi imaginé cinq petits actes, en voyageant avec lui à partir de la mer – il avait ses racines à Honfleur. L’idée est de partir d’une toile blanche, avec, à la fin, le visage de Satie qui apparaît. Un tableau à la fois drôle et tragique… Le fil conducteur est la musique, il y a une trentaine de morceaux, mais j’ai réussi à faire un spectacle sur Satie sans les versions habituelles des Gnossiennes ou des Gymnopédies. Il me paraissait enfin essentiel de réaliser un spectacle contemporain, surtout pas rétro. Satie aimait la jeunesse, j’ai donc voulu regarder vers l’avenir. La musique de Satie ne peut pas être démodée, il était tellement agité !

Quel regard portez-vous sur les textes qu’il a écrits ?

A. M. : Ses textes sont comme sa musique, totalement protéiformes. On trouve des textes d’une grande tristesse, des conférences dada, des aphorismes… Dans le spectacle, je me permets une chose qu’il refusait toujours drastiquement : faire entendre dans sa pièce Sports et divertissements le texte en même temps que la musique. Je l’assume !

Quelle scénographie avez-vous imaginée pour ce spectacle ?

A. M. : Avec Barbara de Limburg, nous avons conçu un dispositif scénique assez simple, avec, comme base, trois cercles blancs. Ces cercles deviennent notamment prétextes à des projections vidéo. Mais surtout, des éléments représentant l’univers de Satie viennent s’ajouter à ce décor. Il y a des perches avec des costumes tous identiques, d’autres avec des parapluies tous identiques, des chiffres trois (son chiffre fétiche), des fauteuils en cageots qui se transforment en canapés, des pupitres en pieds de parapluie, sans oublier la fameuse balle en poire. Nous recréons ainsi un univers surréaliste qui reste toutefois aéré, jamais trop chargé. Avec, en permanence, cette idée du blanc et du vide.

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

A propos de l'événement

du jeudi 6 novembre 2014 au lundi 24 novembre 2014
Théâtre Gérard Philipe
59 Boulevard Jules Guesde, 93200 Saint-Denis, France

Du 6 au 24 novembre, du lundi au samedi à 20h30, dimanche à 15h30, relâche les mardis et mercredis. Tél : 01 48 13 70 00.  Durée : 1h20.

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