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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2014 - Entretien Alain Foix

Duel d’ombres : masquer et démasquer !

Duel d’ombres : masquer et démasquer ! - Critique sortie Avignon / 2014 Avignon Théâtre de L’Albatros
© Pascal Colrat Duel protéiforme…

Théâtre de l’Albatros / Duel d'Ombres / Texte et mise en scène Alain Foix

Publié le 23 juin 2014 - N° 222

A partir d’un fait réel, un très célèbre duel entre le Chevalier d’Eon et le Chevalier Saint George, Alain Foix a écrit et met en scène une pétillante et alerte comédie en alexandrins. Avec Philippe Dormoy et Vincent  Byrd Le Sage, et en musique.  

Quel est l’ancrage historique de cette confrontation entre un Chevalier en dentelles et un Chevalier noir ?

Alain Foix : Le 9 avril 1787 un duel au fleuret entre ces deux personnages fut organisé au Carlton house de Londres, en présence du dauphin d’Angleterre et du Duc d’Orléans, ami intime du Chevalier Saint George. C’est un moment prérévolutionnaire et culminant pour la pensée des Lumières que ces personnages ont embrassée.

« L’humour tutoie la tragédie et cela n’a rien de contradictoire sur scène comme dans la vie. »

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette rencontre entre deux personnages extraordinaires  ?

A. F. : Ce sont deux “énergumènes“, deux individus affirmant fortement leur singularité. Tous deux sont nobles de haut rang et capitaines de dragons, mais l’un est vu comme noir et l’autre comme femme, une « fille garçon ». Grands escrimeurs, ils partagent également une réputation sulfureuse de libertins, à une époque où le libertinage était aussi une posture philosophique et politique. Mais ce qui les relie plus puissamment encore, c’est le rapport qu’ils entretiennent à leur image publique en tant que noir et en tant que femme. C’est précisément cette image qui est le sujet de la pièce : le regard des autres sur eux et comment ils jouent et déjouent cette image. Ces deux personnages pourraient être nos contemporains car ce n’est pas une pièce historique. Reliant le passé au présent, elle met en miroir l’esprit du baroque ancien et celui de notre temps.

Pourquoi avoir écrit une comédie pour rendre compte de ce combat ?

A. F. : Rire c’est aussi penser. On peut rire bête, mais certains rires en disent bien plus qu’un long discours. Dans mes pièces, l’humour tutoie la tragédie et cela n’a rien de contradictoire sur scène comme dans la vie. Ici, j’ai forcé le trait car nous sommes dans la comédie des apparences, des faux-semblants et quiproquos. J’espère pouvoir partager avec le public les moments d’hilarité que nous avons eus en répétition, tout autant que les dimensions tragique et érotique propres à cette pièce.

Quels sont les rôles de la musique et du mouvement chorégraphié dans votre mise en scène ?

A. F. : Les romances libertines de Saint George sont des œuvres oubliées qui méritent d’être entendues aujourd’hui. Les faire jouer par d’accortes jeunes femmes chantant et jouant du clavecin tout en ayant un rôle de personnages coquins offre un contrepoint piquant à la confrontation. Le mouvement de l’escrime rencontrant la musique se mue en danse baroque et cocasse.

 

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

Duel d’ombres
du samedi 5 juillet 2014 au dimanche 27 juillet 2014
Théâtre de L’Albatros
29 Rue des Teinturiers, 84000 Avignon, France

Avignon Off. Théâtre de L’Albatros, 29 rue des Teinturiers. Du 5 au 27 juillet à 12h30. Tél : 04 90 86 11 33.

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