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Avignon / 2017 - Entretien / Antonio Latella

Diaporama familial

Diaporama familial - Critique sortie Avignon / 2017 Avignon Festival d'Avignon. Gymnase du lycée Mistral.
Crédit photo : Andrea Pizzalis

Gymnase du lycée Mistral / textes et dramaturgie de Riccardo Baudino, Martina Folena, Matteo Luoni, Camilla Mattiuzzo, Francesca Merli, Silvia Rigon, Pablo Solari, Federico Bellini et Linda Dalisi / mes Antonio Latella

Santa Estasi – Atridi : otto ritratti di famiglia (Sainte-Extase – Les Atrides : huit portraits de famille)

Publié le 25 juin 2017 - N° 256

Résultat d’un travail d’écriture mené par plusieurs dramaturges, l’immense fresque dirigée par Antonio Latella retrace l’histoire fabuleuse et sanglante des Atrides en huit portraits flamboyants.

« Le sujet de notre travail, c’est la famille. »

Comment avez-vous associé chacun des dramaturges à un personnage des Atrides ?

Antonio Latella : Les jeunes dramaturges sélectionnés avaient participé à un cours que j’avais tenu à l’école Paolo-Grassi de Milan. Comme je les connaissais et que je connaissais leurs langages ainsi que leurs sources d’inspiration, il a été facile de confier à chacun l’adaptation de son texte. Car il fallait retrouver le sens pédagogique de mon travail et de leur effort, dont nous avons été les tuteurs, avec Federico Bellini et Linda Dalisi.

Pourriez-vous nous présenter la fresque de ces personnages ?

A. L. : C’est très difficile en quelques mots. Pères, mères, fils, filles, sœurs, frères, oncles, grands-parents, notre histoire, l’histoire de l’humanité… Les pères dont nous héritons et qui nous indiquent la route, bonne ou mauvaise, comme Agamemnon qui est présent tout au long du travail en tant que roi, frère, père, mari, amant, victime, mort, fantôme qui demande vengeance à Oreste – ce fils tellement semblable à Hamlet. La mère est celle qui porte la première tache mais qui représente aussi la première véritable protestation. La fille déçue par les dieux, la femme sacrifiée à un nouvel héros, la veuve, la mère sans enfants, la nouvelle épouse, la nouvelle reine, la nouvelle sœur, la nouvelle mère, la nouvelle amoureuse, la nouvelle meurtrière, la nouvelle victime ; la nouvelle mort, le nouveau sentiment de culpabilité pour les enfants, peut-être l’étincelle d’une nouvelle révolution, la première véritable révolution : Clytemnestre, les enfants, Oreste, Iphigénie, Electre, Chrysothémis – l’oubliée – et ce chœur de femmes qui, au fil du temps, ne se limitent pas uniquement à regarder mais deviennent des personnages à plein titre.

D’où est issue la nécessité d’une nouvelle version du mythe ?

A. L. : En Italie, quand la politique échoue, c’est la famille qui réussit. La famille arrive souvent à compenser les manques de l’Etat. C’est la famille en tant que « petit-grand » monde, avec ses règles, ses lois, ses guerres, ses victoires, son gouvernement. Le sujet de notre travail, c’est la famille : celle des Atrides est la première, nombreuse et mystérieuse.

Quel est le sens du titre du spectacle Sainte Extase-Les Atrides ?

A. L. : L’extase est la situation inaccessible où l’acteur réussit à être sur scène tout en s’oubliant lui-même. Les choses se passent sans que rien ne soit prononcé. L’acteur est là, et cela suffit. C’est une condition rare et magique, qui fait de la récitation un art de vivre, que je trouve saint.

Qui est Chrysothémis ?

A. L. : Linda Dalisi a regardé, lu, épié, volé, écouté toutes les histoires des dramaturges, toutes les peurs des acteurs, toutes les fragilités de mon travail. Elle a été le témoin qui a pu traduire en mots la normalité, la fille qui reste, la fille qui n’est pas reine mais qui est femme, qui n’est pas héroïne mais sœur et qui attend qu’on se souvienne d’elle. La véritable mémoire et le véritable testament n’existent que chez les orphelins et les gardiens des souvenirs, car ils font partie de la vie, car ils ne veulent pas la dominer ni la plier à leur égoïsme. Rares sont ceux qui savent attendre et écouter : Linda est capable de le faire et il en va de même pour sa Chrysothémis.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Diaporama familial
du mercredi 19 juillet 2017 au mercredi 26 juillet 2017
Festival d'Avignon. Gymnase du lycée Mistral.
Rue d'Annanelle, 84000 Avignon, France

Iphigénie en Aulide, Hélène, Agamemnon, Electre, les 19, 22 et 25 juillet à 15h. Durée estimée : 8h50 entractes compris. Oreste, Les Euménides, Iphigénie en Tauride, Chrysothémis, les 20, 23 et 26 juillet à 15h. Durée estimée : 7h40 entractes compris. Tél. : 04 90 14 14 14.

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