Des Nouvelles de l’Amour – les Garçons Manqués

Une paire d’années après « Et Vivre était sublime », un premier spectacle spontané et inattendu, ils se présentent toujours comme un couple amoureux qui n’en est pas un, admirateurs l’un de l’autre, jusqu’à engendrer leur enfant, le duo « Les Garçons manqués », rejeton métis entre démarches littéraire et musicale. Les deux créateurs semblent en confiance l’un avec l’autre, leur complicité palpable, presque touchante, les unit dans cette forme risquée qu’est la lecture musicale, où la symbiose ne doit pas être artificielle. Le spectacle est bien sûr très écrit mais aussi improvisé, libre, intégrant quelques codes du spectacle vivant dans cet exercice qu’ils tendent à défiger.

Amour, amour

C’est bien sûr d’amour qu’il s’agira, d’une rencontre et de ses conséquences, tout ce qui fait la fibre de l’écriture de Rey. Un facteur qui tombe amoureux de la femme qu’il ne lui fallait pas, et des lettres d’un père à son fils né de toute cette histoire : Rey lit et raconte, Saïkaly joue de la guitare et chante, et nous voici spectateur d’une douceur textuelle acide, d’une recherche pluridisciplinaire finalement assez inédite, de quelque chose de franc et brut, d’un laboratoire intime de création. La voix feutrée et désinvolte du chanteur invite à une écoute attentive. Celle de l’auteur, sans fard, décode avec justesse l’écrit, avec une aisance où perce autant l’expérience orale du chroniqueur que l’écrivain qui vit son œuvre. Parties chantées, jouées et lues alternent avec fluidité, les unes étant tantôt le couplet, tantôt le refrain, intimement mêlées sans superposition.

V. Fara