Deadtown

L’histoire veut que le premier avis de recherche – Wanted dead or alive – de l’histoire du Far West fut épinglé au couteau sur les murs d’un saloon de Deadtown par un Tchèque. Il n’en fallait pas plus aux frères Forman, marionnettistes tchèques, pour se plonger dans cet univers et remonter le fil d’une histoire qui, quelque part, leur appartenait un petit peu… Amateurs d’un petit théâtre de foire comme de grandes formes scéniques, ils invitent les spectateurs de leur nouvelle création sous un chapiteau spécialement conçu, non pas pour renouer avec l’atmosphère du cirque, mais pour inventer l’écrin de métal et de toile qui saura le mieux recréer l’ambiance recherchée. En véritable architectes, ils savent imbriquer l’espace de jeu avec l’espace du spectateur, et mêler l’illusion scénique à la réalité. Décors qui se déplacent, projections de films, l’histoire se déroule aujourd’hui dans une mise en scène qui croise et décroise le théâtre et le cinéma, sans oublier l’utilisation des marionnettes et des masques, de la musique et des chansons, comme éléments constitutifs d’une narration à multiples entrées.

Inspiration burlesque

L’Ouest américain débarque donc dans ce nouveau spectacle avec son lot d’images, de personnages, de cow-boys, de charognards, de légendes, qui sont une mine d’or pour l’imaginaire de Matěj et Petr Forman, gagnés par l’inspiration puisée dans les films muets du cinéma burlesque. Plus encore, ils ont choisi de construire le récit sur une mise en abyme, rejouant leurs propres personnages : après une dispute avec son frère, Matěj part en Amérique. « C’est comme dans un film ! », écrit-il à Petr, qui part le rejoindre. Arrivé à Deadtown, c’est une autre réalité qu’il découvre… Et voilà que l’histoire se déroule sous la forme d’un flash-back. Un flash-back grandeur nature, un saut dans le temps et dans l’espace, mais surtout dans un imaginaire, excessivement cultivé et soigné par le talent des Frères Forman.

Nathalie Yokel