La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Critique

De Marfim e carne – as estátuas também sofrem

De Marfim e carne – as estátuas também sofrem - Critique sortie Danse Paris Centre Pompidou
Crédit : DR Légende : Les statues aux terrifiantes pulsions, de Marlene Monteiro Freitas.

Centre Pompidou / Théâtre de Vanves / Théâtre Paul Eluard de Choisy-le-Roi / Chorégraphie Marlene Monteiro Freitas

Publié le 25 février 2015 - N° 230

D’Ivoire et de chair – les statues souffrent aussi est la nouvelle création de Marlene Monteiro Freitas. Une pièce à haute teneur en questionnements, qui crée une représentation du corps bien tranchée et hors de tout modèle.

Sa façon de déployer son corps jusqu’aux abymes de la monstruosité a de quoi surprendre : son solo Guintche avait déjà fait sortir, en 2010, les démons de tout son être. Cette nouvelle pièce est tout aussi singulière, et porte la marque d’une vraie démarche, qui fait exploser en vol tous les canons de la danse et de la représentation du corps. On reste un peu perdu, voire hébété au commencement de la performance, qui fait sonner des percussions et réveille des corps mécaniques. A peine s’habitue-t-on à cette gestuelle raide, robotisée et sans âme que retentit une sirène qui suspend le temps, surprend les danseurs comme les spectateurs, et bloque leur évolution. A plusieurs reprises cette contrainte retentira pour mieux déstabiliser les corps et les regards en présence. Ce n’est pas la seule contrainte que Marlene Monteiro Freitas a voulu endosser pour ce spectacle : son parti pris premier de jouer sur l’idée de statue qui prend corps et vie l’amène à rechercher des états où l’empêchement devient le maître-mot.

L’humain derrière l’affreux

Les voici ainsi comme des pantins aux membres rigides et engourdis. Leurs corps sont comme prisonniers d’une cage invisible, leurs gestes et leur âme comme comprimés dans une camisole virtuelle. Et pourtant, ce que la chorégraphe montre, c’est bien l’incroyable énergie vitale et sexuelle qui émane de ces êtres hallucinés. Quand ils chantent, c’est avec le sentiment d’une toute puissance, même doublés par un play-back. Quand ils jouent avec le public, c’est dans un relâchement presque animal et grotesque. La monstruosité qui s’en dégage dérange le regard, qui malgré lui cherche toujours l’humain derrière la grimace. Dans cette proposition rejetant beauté et fluidité, le mouvement ne semble guidé que par la pulsion et l’expressivité qui tentent de se frayer un chemin dans la contrariété et l’immobilité. Un challenge qui ne peut laisser de marbre.

 

Nathalie Yokel

A propos de l'événement

De Marfim e carne – as estátuas também sofrem
du jeudi 12 mars 2015 au samedi 4 avril 2015
Centre Pompidou
Place Georges Pompidou, 75004 Paris, France

Du 12 au 14 mars 2015 à 20h30. Tél. : 01 44 78 12 33. Théâtre Paul Eluard, 4 avenue de Villeneuve-Saint-Georges, 94600 Choisy-le-Roi. Le 1er avril à 20h. Tél. : 01 48 90 89 79. Théâtre de Vanves, 12 rue Sadi-Carnot, 92170 Vanves. Le 4 avril à 21h15. Tél. : 01 41 33 92 91.

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