La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

De découverte en découverte

De découverte en découverte - Critique sortie Théâtre Pontoise L'apostrophe-Théâtre des Louvrais
Antoine Caubet CR : DR

L’apostrophe et L’Aquarium / Œdipe-roi / de Sophocle / traduction et mes Antoine Caubet

Publié le 25 octobre 2013 - N° 214

Antoine Caubet monte Œdipe-roi et souhaite dépasser les visions habituelles pour jouer le texte au présent. 

Comment aborder aujourd’hui Œdipe-roi d’une manière singulière ?

Antoine Caubet : Pour peu qu’on se penche sur la tragédie grecque, on va de découverte en découverte. Il faut en effet dépasser la construction mythologique bâtie par les Lumières allemandes, qui envisage cette période du 5ème siècle avant Jésus-Christ comme une période où la démocratie, la philosophie et les arts auraient été au sommet, avant que la civilisation gréco-romaine n’entame une longue descente aux Enfers.

Et quelles sont précisément ces découvertes que vous avez faites ?

A.C. : La principale est qu’on ne sait pas grand-chose sur cette période. Certes, on connait à peu près les conditions de représentation des tragédies – un texte dit probablement de façon récitée par trois acteurs placés sur des cothurnes, avec l’appui d’un chœur où figurait la jeunesse athénienne, tandis qu’une assemblée de dix à quinze mille personnes fêtait les Dionysies. Mais on ne sait pas vraiment comment les spectateurs recevaient cette pièce, comment ils l’écoutaient, comment ils l’entendaient et la ressentaient.  Et ce d’autant plus qu’il ne nous reste que trente-deux tragédies choisies arbitrairement par les bibliothécaires d’Alexandrie.

« La langue de Sophocle est très particulière, musclée, raccourcie, avec une puissance d’expression très étonnante. »

Comment cette relative ignorance travaille-t-elle votre mise en scène ?

A.C. : En raison de cette ignorance, toute représentation mimétique semble caduque ou illusoire. Il n’y aura donc ni toge, ni profération poétique pour Oedipe-roi. Il s’agira bien plutôt de mesurer ce que ce texte a réellement à voir avec nous et de le jouer au présent.

Et ce texte, qu’a-t-il à nous dire ?

A.C. :  Ce qui saute aux yeux, c’est déjà la richesse  théâtrale du texte, la grande variété de ses moyens dramatiques. De plus, la langue de Sophocle est très particulière, musclée, raccourcie, avec une puissance d’expression très étonnante que j’ai essayé de rendre dans une nouvelle traduction. Mais surtout, il rappelle que nous sommes des aveugles sur les chemins de nos vies, que nous voulons, nous désirons, mais que nous ne savons pas ce que nous faisons de nos vies. Ce n’est ni moral, ni politique, et bien loin de la tarte à la crème du complexe d’Œdipe.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Œdipe-roi
du mardi 5 novembre 2013 au jeudi 7 novembre 2013
L'apostrophe-Théâtre des Louvrais
Place de la paix, 95000 Pontoise
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