La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Cosmos

Cosmos - Critique sortie Théâtre Paris _THEATRE SILVIA MONFORT
Cosmos, mis en scène par Joris Mathieu. Crédit Photo : Nicolas Boudier

Le Monfort Théâtre / d’après Witold Gombrowicz / mes Joris Mathieu

Publié le 26 novembre 2013 - N° 215

Habitué des textes non théâtraux, le metteur en scène Joris Mathieu présente Cosmos, de Witold Gombrowicz, au Théâtre Le Monfort (en partenariat avec le Théâtre de la Ville). Un spectacle qui sombre dans l’apathie et la noirceur.

Affirmons-le d’emblée, la fidélité à un texte, à sa composition bien sûr, mais également dans une certaine mesure à son esprit, n’est pas un absolu. Pourquoi ne pas admettre qu’un metteur en scène puisse réinventer une œuvre, l’éclairer de façon nouvelle, au besoin la déformer, s’il s’agit par là de donner naissance à une autre création – forte, frappante, nécessaire ? Des poètes du plateau en viennent parfois à trahir certains textes, à les maltraiter avec un talent et une pertinence qui ne font pas regretter une démarche plus orthodoxe. Car ces artistes nous transportent ailleurs. Nous élèvent. Nous ouvrent les voies d’univers de théâtre dont les qualités justifient, à elles seules, les libertés qu’ils s’autorisent. Ainsi, le fait que l’adaptation du roman Cosmos signée par la compagnie Haut et Court prenne ses distances avec l’humour, la dérision si particulière, le tranchant, l’esprit profondément facétieux et paradoxal de Witold Gombrowicz pourrait ne pas embarrasser si la mise en scène de Joris Mathieu parvenait à combler ces manques.

Une vision kafkaïenne du roman de Gombrowicz

Mais ce n’est pas le cas. La représentation qui nous est proposée nous enferme, une heure et vingt minutes durant, au sein des champs obscurs et fantomatiques d’un monde sans véritable souffle, d’un monde dont la noirceur siérait sans doute mieux à l’œuvre de Kafka qu’à celle de Gombrowicz. Se cantonnant à une veine dépressive, le ton du narrateur « donne le la » d’un spectacle sérieux et monotone. L’ennui, très vite, s’installe. Sonorisés, accompagnés d’une création sonore (signée Nicolas Thévenet) qui en rajoute encore dans le côté funèbre, les interprètes (Philippe Chareyron, Vincent Hermano, Franck Gazal, Rémi Rauzier, Marion Talotti, Line Wiblé) peinent à mettre en mouvement notre imaginaire. Les tableaux visuels, certes, sont beaux (la scénographie est de Nicolas Boudier et Joris Mathieu, les vidéos de Loïc Bontems et Siegfried Marque), mais insuffisamment consistants pour se suffire à eux-mêmes. Sans le génie de Gombrowicz, sans la puissance d’une mise en scène qui pourrait réinventer la lecture de Cosmos, cette tentative d’adaptation nous laisse sur notre faim.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Cosmos
du mardi 12 novembre 2013 au mardi 20 mai 2014
_THEATRE SILVIA MONFORT
106 rue Brancion, 75015 Paris.

Du 12 novembre au 7 décembre 2013. Du mardi au samedi à 20h30. Tél. : 01 56 08 33 88. www.lemonfort.fr Egalement le 17 décembre 2013 au Théâtre de Lons-le-Saunier, du 15 au 18 janvier 2014 à la Scène nationale de Cherbourg, du 28 au 31 janvier à la Comédie de Caen, les 11 et 12 février à la Scène nationale de Meylan, du 18 au 21 février et du 8 au 10 avril à la Comédie de Saint-Etienne, du 25 février au 1er mars aux Célestins – Théâtre de Lyon, le 12 mars à la Scène nationale du Creusot, les 25 et 26 mars au Relax à Chaumont, le 1er avril à l’Espace Jean-Legendre de Compiègne, les 23 et 24 avril au Théâtre Sorano de Toulouse, le 16 mai à La Méridienne à Lunéville, le 20 mai à la Scène nationale de Perpignan.
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