La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Class enemy

Class enemy - Critique sortie Théâtre Bordeaux Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine

Entretien
Nuno Cardoso
Région TNBA / de Nigel Williams / mes Nuno Cardoso

Publié le 20 avril 2013 - N° 209

Le metteur en scène portugais Nuno Cardoso dirige six jeunes comédiens dans Class enemy, de Nigel Williams, brûlot écrit en 1978 et alarme qui sonne plus fort que jamais dans la crise actuelle.

Accroche : « Le libéralisme triomphant s’est désinvesti de la sécurité, de l’éducation. » 

Que raconte Class enemy ?

Nuno Cardoso : La pièce date de 1978. Elle est liée au moment de son écriture : l’époque où l’Angleterre vivait entre mouvement punk et crise du pétrole. Des élèves, abandonnés par leurs professeurs terrorisés dans une salle de classe dévastée, ont toute une après-midi pour eux. Ils décident de se faire classe à eux-mêmes. On découvre ainsi les rapports qu’ils entretiennent avec leurs parents, la société, le sexe, l’espoir, le monde. Et ces rapports sont déchirants.

Cette pièce parle-t-elle encore à notre époque ?

N. C. : En trente-quatre ans, beaucoup de choses ont changé ; mais on retrouve la situation décrite dans la pièce dans notre vie de tous les jours, d’autant que la crise a largement modifié le point de vue général sur l’éducation et la société. Le libéralisme triomphant s’est désinvesti de la sécurité, de l’éducation, de tout ce qui faisait l’Etat social. Tout cela devient de moins en moins important face à l’économie et aux profits. Cela entraîne des problèmes très grands qui commencent à provoquer de petites explosions un peu partout, surtout chez les jeunes.

Pourquoi avoir choisi de conserver le titre anglais ?

N. C. : Parce qu’il joue de l’ambigüité du mot « classe » : classe scolaire et classe sociale. Ces jeunes sont des ennemis de la classe, autant dans l’école que dans la société. On vit dans un monde où la lutte des classes semble effacée par la publicité et la séduction ; mais elle est toujours là. J’ai choisi de laisser le titre en anglais car nous n’avons pas trouvé de titre aussi heureux en français. 

Quelle est la morale de la pièce ?

N. C. : La fin de la pièce suggère la possibilité de deux chemins. L’un est celui de l’espoir ; l’autre, celui du nihilisme. Le nihilisme peut paraître un peu plus contestataire mais il est sans futur et conduit à l’immobilisme. L’espoir, lui, offre un chemin à parcourir. Tout dépend de la lecture qu’en feront les acteurs, et je ne veux pas leur imposer la mienne. A vrai dire, je ne sais pas quel est le chemin que je préfère.

Portugais, vous dirigez des acteurs français en français. Quelles en sont les contraintes ?

N. C. : C’est toujours plus difficile de diriger une pièce dans une langue qui n’est pas la sienne. Il faut être beaucoup plus attentif aux nuances du discours. Mon imaginaire est formé par une autre culture et une autre langue que celles des acteurs, mais je trouve cette confrontation très agréable. Et la plupart du temps, ça donne de bons résultats !

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Class enemy
du mardi 14 mai 2013 au samedi 25 mai 2013
Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine
Place Renaudel, Square Jean Vauthier, 33800 Bordeaux.

Du 14 au 25 mai à 20h, relâche les 19 et 20. Tél : 05 56 33 36 80.
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