La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Gros Plan

Chantiers d’Europe

Chantiers d’Europe - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Ville
Retour d’une artiste saluée l’an dernier, Marta Cuscunà dans Sorry, boys. © Alessandro Sala-cesuralab per Centrale Fies

Théâtre de la Ville / Théâtre des Abbesses / Carreau du Temple / Palais de Tokyo / Festival

Publié le 26 avril 2016 - N° 243

Septième édition de ce temps fort attendu qui transcende les frontières et accueille des artistes encore peu connus de la scène européenne. Autant de visions singulières qui pensent notre communauté et révèlent une inventivité saisissante.

Alors que le repli et la peur mettent à mal les fondements d’une Europe dont l’unité répondait aux désastres guerriers du XXème siècle, Chantiers d’Europe s’affirme comme un temps fort fécond de dialogue, de découverte et d’ouverture. Forts du succès des années précédentes, et associés à plusieurs lieux partenaires, Emmanuel Demarcy Mota et le Théâtre de la Ville accueillent des artistes venus du Portugal, d’Italie, de Grèce, de Pologne et de Suède, et fédèrent un public curieux autour de formes originales, dont les spécificités enrichissent le regard. Poétique et politique toujours s’entrecroisent, mais cette année, peut-être à cause d’une actualité particulièrement inquiétante, le poids du réel investit plusieurs formes de théâtre documentaire, avec toujours ce “pas de côté“ et parfois cet humour que permet la créativité artistique.

Découverte et dialogue

Clean City du duo grec formé par Anestis Azas et Podromos Tsinikoris est né de leur rencontre avec des femmes immigrées à Athènes, venues d’Afrique, d’Asie et des pays de l’ex-URSS, devenues les cleaning ladies et protagonistes de la pièce. En Suède, Carton rouge, mis en scène par la cinéaste Gabriela Pichler, en collaboration avec Rasmus Lindgren, acteur permanent du Backa Teater de Göteborg, et America Vera-Zavala, essayiste, porte à la scène la vie de réfugié du jeune Léo et son rêve de devenir comme Zlatan. Seule en scène, manipulant objets et documents, la lisboète Joana Craveiro revisite à partir de témoignages un demi-siècle d’histoire portugaise, de la dictature à la Révolution des Œillets. Paul Bargetto et la compagnie varsovienne Teatr Trans-Atlantyk ont créé L’Album de Karl Höcker à partir d’une collection de photographies recueillies par cet officier de la SS, fouillant l’impensable quotidien des dirigeants d’Auschwitz. A signaler le retour cette année d’une artiste saluée l’an dernier, Maria Cuscunà, qui dans Sorry, boys déploie un art marionnettique saisissant. Avec aussi José Manuel Neto, Cristina Branco et Camané dans un fado de haute tenue, Miguel Loureiro et son portrait insolite de Sarah Bernhardt, Inês Barahona et Miguel Fragata dans La Marche des éléphants, délicat théâtre d’ombres et d’objets, la danse ironique de Michele di Stefano dans Impressions d’Afrique, celle de Clara Andermatt qui réinvente les danses traditionnelles portugaises, la performance étonnante d’Euripides Laskaridis, et Zululuzu par le Teatro Praga, inspiré par Fernando Pessoa.

Agnès Santi

A propos de l'événement

Chantiers d’Europe
du mercredi 11 mai 2016 au samedi 4 juin 2016
Théâtre de la Ville
Place du Châtelet, 75001 Paris, France

Théâtre des Abbesses, Carreau du Temple, Palais de Tokyo. Du 11 mai au 4 juin 2016. Tél : 01 42 74 22 77. http://www.theatredelaville-paris.com/horsscene-sur-le-vif-14

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