Brassens, Lettres à Toussenot

L’adaptation pour la scène de cette correspondance injustement méconnue de Brassens à son ami Toussenot  permet de découvrir l’unique trace autobiographique laissée par le chanteur compositeur. « Toi, tu es l’ami du meilleur de moi-même » écrit le poète. Intellectuellement provoqué par « le copain » philosophe, Brassens dévoile dans ses adresses les contours de son univers libertaire. Ecrites du fond de l’impasse Florimont, où chansons et coups de gueule éclairent la misère quotidienne, ces lettres mettent en lumière entre poésie et saintes colères la secrète intimité et les sources d’inspiration du chanteur et compositeur. Le spectacle se fonde sur les Lettres à Toussenot, parues pour la première fois en 2001 en un recueil composé par Janine Marc-Pezet à l’occasion de l’anniversaire des vingt ans de la disparition du chanteur, et s’enrichit de quelques chansons mais aussi d’extraits totalement inédits du journal tenu par Roger Toussenot, relatant les quelques précieux moments passés avec son ami Georges.

Dans l’intimité du poète

En adaptant cet échange épistolaire, qui éclaire selon les termes mêmes de Toussenot « l’invisibilité d’un grand poète de la révolte à la mort », Vincent Mignault et Nicolas Fumo réalisent un vrai travail d’auteur dans la veine sensible qui est celle de leur compagnie,  dont les précédentes créations telles que Jeff ou Un champ de foire ont été bien accueillies par le public et la critique. Le spectacle a demandé selon les auteurs et metteurs en scène « un long travail d’adaptation ». Très documentée, la mise en scène repose sur le jeu des acteurs, et a l’élégance de  se déployer dans une scénographie épurée, conçue pour favoriser l’appropriation de l’intimité du poète et chanteur. Cette escapade littéraire et musicale nous invite dans un jeu de lecture qui ressuscite la flamme et l’impertinence du « rejeteur » d’hypocrisie.

M.-E Galfré