La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Bourrasque

Bourrasque - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Tempête
Bourrasque est au théâtre de la Tempête © Antonia Bozzi

Théâtre de la tempête / de Nathalie Bécue / mes Félix Prader

Publié le 27 mars 2018 - N° 264

Un homme est mort et sa femme revient à la vie. Bourrasque s’inspire d’un texte de l’irlandais John Millington Synge pour délivrer une pièce malheureusement trop laborieuse.

On ne dévoilera pas le rebondissement essentiel qui fait le sel de ce spectacle, qui en manque pas mal par ailleurs. Pour écrire le texte Bourrasque, Nathalie Bécue s’est inspirée d’un texte de John Millington Synge, auteur irlandais, que ce dernier écrivit à la suite de son séjour dans les îles d’Aran, un archipel situé à quelques encâblures de la côte occidentale de son pays. On connaît du folklore irlandais cette capacité à faire la fête autour des défunts, à conjurer la mort en se saoulant, en chantant, en dansant autour de la dépouille de celui qui s’en va. Dans Bourrasque, Nathalie Bécue reprend la trame initiale de L’ombre de la vallée de Synge : une femme se retrouve avec son mari mort à la maison quand un inconnu frappe à sa porte. C’est la nuit, la tempête dévale les collines, plonge le long des falaises et roule au-dessus de la mer qui gronde. Forcément, dans cette atmosphère nocturne et tourmentée, le fantastique n’est pas loin. Il se marie dans Bourrasque au genre concret de la chronique campagnarde sur toile de fond d’une île irlandaise, âpre et intemporelle.

Les désirs enfouis se réveillent

Quatre personnages prennent part à cette fable. La femme, son mari mort, un nomade qui recueille et colporte des histoires à travers la campagne, et un voisin éleveur, qui n’a pas su être marin et se débrouille fort mal avec ses brebis. Nathalie Bécue – autrice et interprète – les dote d’un parler particulier, minéral, heurté, rustre et pittoresque, qui les caractérise cependant plus qu’il ne les fait vivre. La faute peut-être à une composition où s’enchaînent de longues tirades, qui laissent finalement peu de place aux dialogues et à l’interaction entre les personnages. La mise en scène, plutôt statique, dans un décor réaliste – des bancs et une table –, ne permet pas non plus de donner vie et crédibilité à ces figures. Ici, on est aux prises avec son destin, avec cette voie que les autres – la société, les traditions, la famille… – nous construisent bien davantage qu’on ne la choisit. Et quand le tyran domestique s’éteint, ce sont tout naturellement les désirs enfouis qui se réveillent. Encore faut-il s’assurer que les braises ne rougeoient pas encore sous la cendre. Mais même un cocasse coup de théâtre ne relance pas l’intérêt stagnant de l’action. Jusqu’au bout, chacun joue sa composition sans que les conflits ne parviennent à animer le plateau, ni que la poésie qu’ambitionne ce texte ne parvienne à éclore.

Eric Demey

A propos de l'événement

Bourrasque
du vendredi 16 mars 2018 au dimanche 15 avril 2018
Théâtre de la Tempête
route du champ de manœuvre, 75012 Paris

du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30. Tel : 01 43 28 36 36.

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