La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Angels in America

Angels in America - Critique sortie Théâtre Paris La Cartoucherie
Aurélie Van Den Daele

Publié le 26 octobre 2015 - N° 237

Aurélie Van Den Daele, artiste associée au Théâtre de l’Aquarium, nous entraîne dans la saga de Tony Kushner, Angels in America : une traversée des années 80 où le sida surgit au cœur de l’Amérique reaganienne, entre libéralisme déchaîné et retour de la morale. Prélude des mutations de l’Occident qui s’épanouissent aujourd’hui ?

La pièce de Tony Kushner est ancrée dans le contexte des années 80. Pourquoi vous y intéresser maintenant ?

Aurélie Van Den Daele : Ce choix s’inscrit dans une réflexion que je mène sur l’histoire contemporaine et plus particulièrement sur la représentation théâtrale de la décennie 80. Cette période, qui constitue les années de jeunesse de la génération de ceux qui arrivent aux responsabilités aujourd’hui et donc contribuent à façonner nos existences, nos visions, est peu abordée au théâtre, qui oscille entre les classiques et les textes contemporains. Il me semble essentiel, pour comprendre notre temps, de le mettre en perspective, d’interroger d’où nous venons pour savoir où nous allons. C’est dans les années 80 que se forgent les modèles de pensée et d’économie libérale qui dominent de nos jours…

« Une vaste fresque de la société, de ses tensions internes, de ses hypocrisies. »

Cette épopée brasse des thèmes multiples. Comment l’abordez-vous ?

A. V. D. D. : Nous suivons les destins entrecroisés des personnages, comme dans une saga : Prior et Louis, unis par l’amour mais séparés par la maladie ; Joe et Harper, autre couple à la dérive, lui hésitant sur sa sexualité, elle s’oubliant dans le Valium ; Belize, infirmier stigmatisé parce que noir et homosexuel ; Roy, avocat d’affaires englué dans un scandale financier… A travers ces histoires personnelles se dessine une vaste fresque de la société, de ses tensions internes, de ses hypocrisies. Peu à peu apparaissent les déchirements au coeur des êtres entre leurs désirs et les préceptes inculqués, entre le discours ou le comportement public et la sphère intime, secrète.

Quels sont les enjeux scéniques que pose une telle fresque ?

A. V. D. D. : Le séquençage de la pièce, découpée en 72 scènes qui se déroulent dans de multiples lieux, est le premier défi ! Le dispositif scénique allie un espace ouvert, qui évoque ces lieux publics de passage, underground, et une boîte en plexiglas, cocon qui offre une écoute plus intime. La scénographie permet de mettre en jeu les effets de miroirs entre les parcours des personnages et la simultanéité des séquences. Tony Kushner marie aussi une grande variété de registres, de la comédie à la tragédie, ce qui exige une grande virtuosité pour les acteurs. Ils doivent cheminer avec précision entre différents sentiments, passer parfois « cut » de l’un à l’autre. C’est une recherche passionnante !

Entretien réalisé par Gwénola David

A propos de l'événement

Angels in America
du mercredi 11 novembre 2015 au dimanche 6 décembre 2015
La Cartoucherie
Route du Champ de Manoeuvres, 75012 Paris, France

Spectacle en deux parties (4h30 avec entracte). Intégrale : 11 et 12 novembre à 19h, 13 novembre à 19h30, vendredi à 19h30, samedi et dimanche à 16h. Partie 1 : mercredi à 20h30. Partie 2 : jeudi à 20h30. Tél.: 01 43 74 99 61.

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