La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2015 - Entretien Jonathan Châtel

Andreas, la réinvention d’une identité

Andreas, la réinvention d’une identité - Critique sortie Avignon / 2015 Avignon Cloître des Célestins
Légende : Johnathan Châtel CR : Renaud Bessah

Cloître des Célestins / D'après Strindberg / mes Jonathan Châtel

Publié le 26 juin 2015 - N° 234

D’après Le Chemin de Damas de Strindberg, Johnathan Châtel, qu’on avait découvert avec une mise en scène du Petit Eyolf d’Ibsen, propose une piècesur la recomposition de l’identité.

Quelle place occupe Le Chemin de Damas dans l’œuvre et la vie de Strindberg ?

Johnathan Châtel    : Avant d’écrire Le Chemin de Damas, Strindberg avait renoncé au théâtre pendant près de 5 ans. Il s’était exilé à Paris et faisait de l’alchimie. Il traversait une crise morale et artistique qui l’a mené au bord du gouffre. Puis soudain,  il a été repris par le désir du théâtre et a écrit la première partie du Chemin de Damas. Elle contient un élan de retour à la vie inespéré, et a libéré une énergie créatrice intense : les cinq années suivantes, Strindberg a écrit près d’une vingtaine de pièces ! Il a refondé sa vision du théâtre, en inventant ce qu’il appelle « un jeu de rêves ». Son geste est prophétique, il a ouvert la voie à la modernité théâtrale…

Quelles transformations avez-vous opérées sur le texte initial ? Que raconte votre pièce ?

J.C. : Ma première porte d’entrée dans Le Chemin de Damasa été l’identité incertaine du personnage central de la pièce – un auteur en exil ayant renoncé à l’écriture –, qui s’appelle l’Inconnu. Lorsque Strindberg écrit le terme « Inconnu », il dépose un miroir dans son écriture dans lequel on doit se regarder. Le Chemin de Damas a une dimension autobiographique et il en va de même pour mon adaptation. J’ai donc choisi de mettre en jeu un prénom qui m’est proche : Andreas. C’est un spectre qui hante la pièce. Mon adaptation raconte l’histoire d’un homme qui, au contact de ses doubles, cherche à réinventer son identité.

On vous a découvert en France avec Le petit Eyolf d’Ibsen, Strindberg maintenant. En dehors de vos origines norvégiennes, qu’est-ce qui vous attache à ce théâtre scandinave de la fin du XIXeme siècle ?                                   

J.C. : Ibsen avait un portrait de Strindberg dans son bureau et disait : « J’ai besoin du regard du fou pour travailler ». Passer de Ibsen à Strindberg est pour moi comme une évidence, une histoire d’amitié.

« Peut-on changer de vie, être transformé ? »

Le titre induit une composante religieuse, et la pièce se jouera au cloître des Célestins. Quelle place occupe la religion dans votre spectacle ?

J.C. : Dans la Bible, il est écrit que Saul, le persécuteur des chrétiens, chute sur le chemin de Damas, a une révélation, et devient Paul, le fondateur de l’église. A travers ce récit, Strindberg nous interroge : peut-on changer de vie, être transformé ? Que faire des spectres qui nous hantent ? Ces questions dépassent le cadre strictement religieux, même si elles s’y enracinent.

 

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Andreas, la réinvention d’une identité
du samedi 4 juillet 2015 au samedi 11 juillet 2015
Cloître des Célestins
Place des Corps Saints, 84000 Avignon, France

Festival d'Avignon. 

Tél : 04 94 14 14 14.

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