La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Gros Plan

Agatha

Agatha - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l'Epée de bois
Pauline Deshons en jeu ©Lise Levy

Théâtre de l’Épée de Bois / de Marguerite Duras / mes Bertrand Marcos

Publié le 27 mars 2018 - N° 264

Bertrand Marcos met en scène Pauline Deshons et Teddy Bogaert dans le dialogue ciselé par Marguerite Duras pour un frère et une sœur qui s’aiment au-delà des frontières du possible et du permis.

« Je pars pour aimer toujours dans cette douleur adorable de ne jamais te tenir, de ne jamais pouvoir faire que cet amour nous laisse pour morts. » Elle lui a demandé de la retrouver dans leur villa d’enfance, entre le temps suspendu de l’été et l’immuabilité des fleuves, pour lui annoncer son irrémédiable décision de partir loin de lui. Elle part ; lui reste, en promettant de tenter malgré tout de la revoir. Leur amour est minéral : dur, brillant et inaltérable. Il faut néanmoins qu’ils déchirent leur éternité et s’éloignent, pour mieux revenir aux bornes jouissives de leur propre écueil. L’impossibilité emprisonne les enfants qui s’aiment. Ils s’aiment « comme il n’est pas possible d’aimer » et pourtant l’horreur de leur séparation est encore plus douloureuse que l’interdit qui les enserre. Ils se déchirent délicieusement aux pierres de leur calvaire et s’épanouissent et s’étiolent davantage à chaque étape de leur passion.

La brûlure du cri dans le silence indicible

Le sacré est l’innommable, ce qui ne supporte pas que le langage vienne le recouvrir de la souillure de ses approximations. Tel est l’amour d’Agatha et tel est le miracle de la langue de Duras, qui parvient à dire sans violer, à exprimer sans retenir ni restreindre, à donner force et place au déploiement des mots. Il faut la part maudite du langage pour tenter l’expression de l’interdit et de l’infiniment fragile et fébrile de l’amour. Duras connaît cette autre face du discours, la plus intime, la plus simple souvent, celle qui peut le mieux dire ce qui jamais ne se dit. C’est « cette langue incontestablement singulière qu’il faut donner à entendre », dit Bertrand Marcos, qui cherche à faire entendre le cri de l’amour « entre les répliques, entre les lignes, dans le silence qui les entoure ».

Catherine Robert

A propos de l'événement

Agatha
du lundi 30 avril 2018 au jeudi 17 mai 2018
Théâtre de l'Epée de bois
route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris

Du lundi au samedi à 20h30 ; le samedi à 16h. Tél. : 01 48 08 39 74.

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